Let's talk about Diversity!

Merci beaucoup, Sandro, de participer à notre série d'entretiens « Parlons diversité ». Aujourd'hui, nous allons parler de votre congé professionnel de six mois. Merci de partager avec nous votre expérience.

Je suis très heureux de la partager avec vous, en espérant qu'elle puisse inspirer d'autres personnes et leur être utile.

À quel moment précis avez-vous ressenti le besoin de prendre un congé sabbatique ?

Il n'y a pas vraiment eu de moment clé, c'était plutôt un processus. C'était à l'époque où j'étais sur le point de terminer mes études supérieures. Je traversais une période mêlant travail intense et stress, et j'ai ressenti le besoin de faire une pause, de me ressourcer, à un moment donné. J'avais besoin de me poser pour réfléchir à ce qui était important dans ma vie, d'identifier ce que j'aimais faire. Mon objectif n'était pas de me trouver d'autres passe-temps, j'en avais déjà assez ! En prenant ce temps de réflexion, j'ai voulu rompre avec l'ennui et découvrir ainsi ce qui me motive vraiment et ce qui est important pour moi dans la vie.

Quel a été l'élément déclencheur de la mise en pratique de votre congé sabbatique ?

Dans mon entourage, j'ai connu plusieurs personnes qui en parlaient, mais qui n'ont jamais réussi à concrétiser leur projet, le repoussant sans cesse. Certains collègues avaient des projets similaires pour leur retraite, mais malheureusement, ils n'ont pas pu les réaliser en raison de leur état de santé. Sur les cinq collègues qui ont pris leur retraite, trois sont malheureusement décédés juste avant ou juste après leur départ en retraite. Cela m'a profondément marqué et j'ai pris conscience que le temps et la santé ne s'achetaient pas. Je me suis dit : « C'est maintenant que je dois faire quelque chose, tant que je suis en bonne santé ». Dans une vie professionnelle bien remplie, il n'y a souvent jamais moment idéal pour faire une pause, il faut savoir le trouver.

Comment avez-vous choisi la destination de votre congé sabbatique ? Ma foi, c'était facile parce que je suis en quelque sorte « né pour vivre au soleil ». J'étais donc en quête de soleil, de chaleur, et l'idée de vivre « l'été le plus long de ma vie » a fait petit à petit son chemin. Les trois premiers mois, j'ai voyagé seul dans un camping-car à travers la France, Majorque et la Suisse. Les trois mois restants, j'ai réduit mes bagages à un sac à dos et j'ai voyagé avec ma petite amie en Malaisie, en Indonésie, aux Maldives, à Singapour et en Grèce.

Comment avez-vous abordé le sujet au travail et quelles ont été les réactions de votre supérieur et de vos collègues ?

Je dois dire qu'au début, cela a été un choc pour tout le monde, pour mes supérieurs et pour mon équipe, car les demandes de congé sabbatique ne sont pas si fréquentes. Mais une fois la surprise passée, un processus très constructif de conversations hors des sentiers battus et de Lean management s'est mis en place et s'est soldé par un succès. J'ai fait part de mon souhait à mes supérieurs bien à l'avance, de façon ouverte et transparente. C'est très important, car cela nous a permis de bénéficier de suffisamment de temps pour examiner les choses et discuter des différentes options. Mes supérieurs sont au courant du fonctionnement du reste de l'équipe et sont donc en mesure de proposer des solutions adaptées à cette situation. En outre, j'avais déjà beaucoup réfléchi à la question et j'ai donc pu mettre mes idées sur la table. Je pense aussi que ma détermination à prendre ce congé a joué un rôle important. Et puis surtout, j'ai su faire preuve de flexibilité. Je suis resté ouvert à toute proposition. Tout ce que je voulais, c'était prendre un nouveau départ. C'était très clair pour moi. Je ne me souciais pas de mon statut ou de ma carrière, je voulais juste profiter de mon congé et trouver une bonne solution pour moi et pour l'équipe. Donc, j'ai eu de la chance, personne ne m'a mis des bâtons dans les roues. J'ai simplement fait preuve d'un peu de bonne volonté, mais aussi de curiosité par rapport à ma motivation vis-à-vis de ce projet et à de sa « concrétisation », et au final, tout s'est passé bien plus naturellement que je n'aurais pu l'imaginer.

À quoi ressemblait votre vie quotidienne pendant votre congé sabbatique ?

Au quotidien, j'étais surtout animé par la curiosité et je vivais au jour le jour. Le seul rendez-vous que je ne devais pas oublier pendant toute la durée de mon congé sabbatique, c'était le premier jour de ma reprise du travail après ces six mois. Sinon, mes seules routines consistaient à laver mon linge, manger et boire.

À mon retour, on m'a souvent demandé quel a été mon plus beau temps fort ou ce qui m'a impressionné le plus pendant mon séjour. Mais je serais incapable de répondre à cela, et n'en ai pas forcément envie non plus. L'observation des colonies de fourmis à Majorque était aussi passionnante que ma conversation avec un chauffeur de taxi à Kuala Lumpur ou que l'impressionnant monde sous-marin de l'île de Komodo. Finalement, ce sont les petites choses et les rencontres qui font que la vie vaut la peine d'être vécue, même quand on est loin de chez soi. Ce fut une belle et précieuse découverte.

L'expérience d'un congé sabbatique dans un pays étranger est en soi une expérience remarquable en termes de diversité. Quels sont les aspects de cette diversité qui vous ont le plus marqué pendant votre congé sabbatique ?

Ce voyage m'a permis de rencontrer des gens de tous horizons - riches, pauvres, plus spirituels, plus pratiques - et je me suis rendu compte qu'avec le temps et un peu de sérénité, on peut vraiment apprendre à connaître les gens. Chaque personne que vous rencontrez vous livre une part de son expérience de vie. Dans notre vie professionnelle trépidante, nous avons l'habitude de penser d'abord en termes de contribution économique, mais pas en termes de contribution personnelle que d'autres personnes peuvent nous apporter, or c'est bien plus intéressant ! Avant de commencer mon voyage, j'ai fait beaucoup de recherches sur les différentes cultures et religions des pays où j'allais me rendre, pour essayer de ne pas « faire d'impair ». Cependant, une fois sur place et en commençant à échanger avec les gens, je me suis rendu compte que les gens différaient plus par leur caractère que par d'autres aspects culturels. D'une certaine manière, c'est le caractère unique de chacun d'entre nous qui nous différencie des autres, indépendamment de notre lieu de naissance.

Et j'ai également constaté qu'en consacrant du temps aux gens, on apprend à mieux les connaître et c'est alors que l'on peut surmonter ses préjugés et les faire sortir de notre boîte à stéréotypes. Je me souviens d'agréables discussions en soirée, où l'on ne pense qu'à la personne en face de soi, le cœur léger, en toute liberté. En découvrant leur vie, leur enfance, on peut comprendre beaucoup de choses sur leur comportement aujourd'hui. Ce voyage m'a permis de réaliser une fois de plus à quel point il est absurde de classer les gens dans des cases ou des stéréotypes. Tout n'est pas noir ou blanc, mais plutôt gris ou coloré comme un arc-en-ciel.

En quoi votre vie professionnelle a-t-elle changé après votre congé sabbatique ?

Sur le plan professionnel, je tiens à souligner que j'ai pu me défaire d'une partie de ma cécité opérationnelle. Le détachement de la vie quotidienne et les innombrables nouvelles impressions que j'ai emmagasinées pendant mon congé sabbatique m'aident aujourd'hui à fixer des priorités légèrement différentes et à trouver de nouvelles idées. Maintenant, j'ai une expérience de vie plus riche, plus d'énergie et plus d'idées. Je suis devenu un coach et un « sparring partner » de manière naturelle et involontaire pour de nombreuses personnes et collègues. Je suis redevenu celui qui dit « oui, c'est faisable ! ». « Mon équipe profite également de cette énergie et de cette nouvelle force. Par ailleurs, j'ai pu évoluer professionnellement et me réjouir deux fois plus de mon retour car, en plus de ça, une équipe formidable m'attendait, ce qui a grandement facilité les choses.

En quoi votre vie personnelle a-t-elle changé après votre congé sabbatique ?

Après plus de 180 jours de rêve passés au soleil, j'étais impatient de retrouver une vie quotidienne « normale », mais j'étais désormais plus conscient de notre luxe quotidien. Conscient de l'importance d'une routine quotidienne régulière et du sentiment d'être utile, de faire quelque chose qui apporte quelque chose à quelqu'un, sur le plan personnel ou professionnel. J'ai compris à quel point il est important de s'occuper sainement, d'évoluer, de vivre en équilibre. Le stress, l'excès de travail ou rester à ne rien faire ne sont pas des facteurs d'équilibre pour moi. À l'instar des saisons, nous avons besoin de changement, de plus ou moins d'activités, d'un équilibre entre le travail et la vie. Voilà l'objectif. Aujourd'hui, je pense que je pourrais tout aussi bien prendre ma retraite à 70 ans (sourire). Et pour atteindre cet équilibre, il faut avoir du temps et un esprit libre. Par ailleurs, mon travail doit me rendre heureux - que ce soit une activité rémunérée ou caritative, peu importe, tant qu'elle me plaît. C'est ce qui nous permet de rester en bonne santé. J'ai également appris à ne pas reporter les choses. On ne sait jamais de quoi nos lendemains seront faits, alors vivons aujourd'hui, et n'attendons pas. Prendre du recul vis-à-vis de notre quotidien permet de relativiser les choses. Mais nul besoin d'une plage paradisiaque ou de partir à l'étranger pour trouver son propre bonheur. L'important est de prendre le temps de l'introspection. Désormais, je sais ce que cela signifie et combien il est important d'être attentif à soi-même. Mon congé sabbatique m'a permis de retrouver une certaine sérénité et curiosité. J'espère les conserver à vie, et que cela aura un effet positif sur mon environnement privé et professionnel.

Quels conseils donneriez-vous à ceux qui envisagent de prendre un congé sabbatique ?

Je leur conseillerais de bien planifier leur congé et de rester flexibles, afin que tout se passe bien. Et une fois qu'ils ont pris leur décision, d'aller de l'avant. Tout le monde peut le faire, il faut juste un peu de courage pour sortir de sa zone de confort. Vivre, c'est être en mouvement, agir, évoluer, mais pour cela, il faut sortir de sa zone de confort. Si vous faites toujours la même chose pendant 40 ans, à part une certaine forme de sécurité et de confort, cela ne vous apporte pas grand-chose. Découvrir de nouvelles choses, c'est intéressant... voir de nouveaux horizons, rencontrer de nouvelles personnes... mais il n'y a qu'en sortant de sa zone de confort qu'on y arrive. J'ai pris un risque et je l'ai accepté. Si vous voulez vraiment quelque chose, ça marche. Aujourd'hui, je referais exactement la même chose.

Merci beaucoup Sandro pour votre magnifique témoignage d'évolution personnelle et professionnelle, qui nous a démontré l'importance du temps, de l'équilibre, de la nécessité d'être actif dans quelque chose qui nous rend heureux, ainsi que d'apprendre de la diversité qui nous entoure. Merci à vous.

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